lundi 4 juillet 2011

Solfège

Le lundi matin, j'ai cours de solfège pendant trois heures, sans pause, dans une salle exiguë à peine plus large que le Steinway fatigué dont elle est garnie. Il y a des traces de pas sur les murs (!), la chaîne stéréo fait des étincelles quand on la branche, une moitié du tableau blanc est inutilisable parce que quelqu'un y a écrit des formules cadentielles au marqueur indélébile, et de part et d'autre de la fenêtre pendent deux longs rideaux sales en tissu plastifié qui sentent un peu le vomi - bref on ne peut pas dire que nos conditions de travail soient idéales. Etre enfermée dans cette salle presque toute la matinée à subir les cours arides d'une petite blonde fraîchement diplômée au regard torve et à la peau grasse n'est pas une partie de plaisir, sauf ce matin, où j'ai découvert, émerveillée, que la fenêtre se reflétait si bien dans son front qu'on y distinguait quelques arbres. Tous les exercices de merde sur les manières de dériver un sujet dans une fugue n'ont pas pu m'ôter cette joie.

2 commentaires:

  1. Prout d'un jour, prout toujours20 juillet 2011 à 18:04

    Je suis en train d'avoir un fou rire dans l'agence. Il t'incombe la responsabilité de mon licenciement (je ne sais pas si cette phrase est très française, mais tu auras saisi l'idée, ce qui est bien là le plus important).

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  2. j'ai trouvé une chanson qui contient le verbe incomber : http://www.youtube.com/watch?v=CAVAvHzVNj4

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