vendredi 3 août 2012

Transports en commun

Il pleut. La S-Bahn sent terriblement mauvais, malgré les vitres entr'ouvertes. Je m'assieds à la seule place encore libre, sur un strapontin coincé derrière les VTT d'un couple de cyclistes hollandais dont les cuissards enferment sans doute depuis beaucoup trop longtemps leurs parties génitales en sueur. A ma gauche, un post-adolescent avachi en t-shirt mauve tient dans ses doigts boudinés un sachet de chips de crevettes qu'il se colle une après l'autre sur le bout de la langue, puis les mastique la bouche ouverte. Ses mains et son menton sont huileux et parsemés de miettes. Le sachet ballotte entre ses grosses cuisses. Il est nerveux, ses pieds s'agitent sous son siège, chaque mouvement fait remonter à moi les effluves de ses chaussettes détrempées qui fermentent dans ses baskets. En fermant les yeux, cette odeur chaude et douceâtre de fromage à raclette pourrait m'ouvrir l'appétit, mais là je viens de manger un taboulé aux aubergines qui ne passe pas. Le mec se lève un peu avant Hauptbahnhof. Son strapontin qui se replie m'envoie une dernière vague de miasmes, je réprime mon haut-le-coeur en serrant les dents et cet imbécile me sourit avant de sortir de la rame. J'ai une touche! J'ai la gerbe, mais j'ai une touche!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire